Ô! Lit - Terre - Rature

Ô! Lit - Terre - Rature
Illustration : Sarah Hoscheit

mardi 29 avril 2014

Sobibor : une perle amère

Jean Molla, Sobibor, éd. Gallimard Jeunesse, coll. Folio, 2003. 


1. Analyse du paratexte

1.1 Qui est cet auteur ?


Jean Molla naquit le 28 décembre 1958 à Oujda au Maroc. Dès l'âge de 10 ans, il prit goût à la lecture et à l'écriture. Il a fait des études de lettres à Tours et à Poitiers, en France. Ce n'est qu'en 2000 qu'il commença à publier ses œuvres. Son premier roman, Copie conforme paraît. Il est également professeur de français au collège P. de Ronsard, dans une zone d'éducation prioritaire à Poitiers. Il a écrit de nombreuses nouvelles et de nombreux romans. Il est réputé internationalement pour sa plume de jeunesse.
D'après http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Molla, consulté le 27 avril 2014.

1.2 La première de couverture


L'illustration représente une personne couchée sur son lit et emmitouflée dans un drap. Elle semble être malheureuse et épuisée par la vie. Le thème semble sombre voire morbide. 

Le titre Sobibor m'évoque des souvenirs. En effet, j'ai été visité le camp de concentration d'Auschwitz en dernière année secondaire. Si mes souvenirs sont bons, Sobibor aurait aussi été un camp. 

Suite à mes recherches, j'ai (re)découvert que Sobibor était bien un camp, un camp d'extermination. Le site se situe au sud-est de la Pologne actuelle.

 http://img.overblog.com/250x221/1/38/88/34/Meslectures/Sobibor2.JPG

Je suis intriguée, est-ce que ce livre va aborder la Seconde Guerre mondiale et ses atrocités? Ceci dit, l'histoire me passionne et les guerres en font partie. Ce thème me tient à cœur et je trouve qu'on ne devrait jamais se lasser d'informer les jeunes. Ceci est peut-être cliché mais je suis convaincue que la prise de conscience de nos erreurs antérieures nous permet de ne pas reproduire les mêmes tromperies.

1.3 La quatrième de couverture


Emma est une jeune fille atteinte d'anorexie. Appréhendée dans un supermarché pour vol, elle ne peut qu'expliquer: «Je l'ai fait pour qu'on m'arrête». Pourtant, Emma, veut savoir, Emma veut comprendre. Sobibor, ce nom, prononcé par sa grand-mère polonaise peu avant sa mort, lui apportera plus que de simples réponses.

Dans ce récit mettant en scène une adolescente aux prises avec des réalités qui la dépassent, Jean Molla revient sur un des épisodes les plus tragiques du siècle dernier. Ce roman, au succès critique et populaire a été récompensé par plus de dix prix littéraires et a été traduit en six langues.


2. Mon avis

Dans un premier temps, je dois dire que j'ai trouvé le roman très bien écrit, c'est poignant de bout en bout, on a vraiment l'impression d'être aux côtés de cette adolescente en proie aux affres de l'anorexie. Alors bien sûr, c'est dur, c'est troublant, les moments où elle nous raconte comment elle vomit, quel bonheur cela lui procure la première fois, cette sensation grisante de contrôler son propre corps comme elle le souhaite en se privant de nourriture. Psychologiquement, ça emmène le lecteur dans la souffrance et la douleur. Pas du tout évident de l'imaginer se goinfrer de pâté pour chats accroupie sur le sol de la cuisine parce qu'elle a mal pour ensuite aller tout régurgiter sur la belle porcelaine immaculée des toilettes. Oui, ça choque, oui, ça vous fait mal comme si on vous assénait de coups de poings à répétition.

Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire ce roman car il vous prend aux tripes. C'est un témoignage incisif, fort, indomptable que celui de cette ado. J'ai parfois eu la sensation que je ne pouvais pas m'arrêter de lire, j'avais besoin de savoir si elle serait encore là à la page suivante...

Ce roman c'est celui d'un combat, celui d'Emma contre elle-même, contre ses démons. Et pourtant, ce combat, on sent qu'elle veut y mettre fin malgré tout car, dès le début du roman, elle lance un appel au secours, elle le dit d'ailleurs très clairement, elle s'est fait prendre à voler dans un magasin "pour qu'on l'arrête". Rien de plus clair que ça, pourtant, ses parents ne vont pas réagir. Seul le directeur du magasin va l'interpeller. Je sais que pour les parents d'enfants anorexiques, ça n'est pas évident de gérer ça, de voir les choses en face, mais j'ai perçu les réactions d'Emma aussi comme des cris de révolte face à ces deux êtres qui ne réagissent pas. Son père est médecin, tout de même, et sa mère, je ne sais trop que penser de celle-ci dont l'attitude m'a un peu exaspérée. On sent malgré tout leur tristesse, leur impuissance, face au drame qui les touchent au travers de leur fille, mais j'ai regretté qu'ils n'agissent pas, ils sont d'une indifférence à faire peur.

Je me suis très vite attachée à Emma justement, parce que, quelque part, je comprends ce besoin qu'elle a de contrôler quelque chose dans sa vie, quelque chose qui ne peut pas lui mentir, son corps. Elle le voit, d'ailleurs avec une lucidité qui m'a frappée, ce corps où les côtes se dessinent à travers une peau si fine, ses cuisses sèches et couvertes de vergetures et son ventre plat et tendu. Un spectacle insoutenable, d'ailleurs à un moment donné dans le roman, sa grand-mère amorce une comparaison, sans aller jusqu'au bout mais ça n'est pas nécessaire pour que le lecteur la comprenne, entre son corps et celui des hommes et des femmes des camps de concentration. On se demande souvent pourquoi des jeunes qui ont "tout pour être heureux" tombent dans l'anorexie, la boulimie ou tout autre trouble alimentaire. 

Ce roman est un début de réponse car il est réaliste, Emma ne nous cache rien de sa condition, ne nous épargne rien, elle nous raconte tout, sa façon de picorer dans les plats que lui prépare sa mère, sa façon de se goinfrer quand elle ne va pas bien avant de tout vomir dans les toilettes, son indifférence, l'abandon volontaire de toute trace de féminité en elle, son retour en enfance, comme elle le dit si bien...

Car c'est un corps d'enfant qu'Emma a voulu retrouver. Tout un symbole! En abandonnant son corps de femme, ses formes, elle a voulu redevenir une petite fille, retrouver une part de l'innocence qu'elle avait perdu. Ce refus de l'âge adulte est on ne peut plus marquant, Emma, au fond, ne veut pas grandir, parce que grandir c'est accepter que la vie est loin d'être parfaite, c'est accepter le mensonge de ceux qui vous entourent, l'hypocrisie, c'est jouer le jeu des illusions et des faux-semblants. Emma n'était pas prête pour ça. Son histoire démarre d’une façon banale en apparence, elle demande à son petit ami comment il la trouve et il commet l'erreur de lui dire qu'elle est belle mais peut-être un peu ronde ! S'ensuit un premier régime qui porte ses fruits puis un second, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus s'arrêter. Mais cette remarque n'est pas la cause du malaise profond d'Emma, elle l'a cru. Ensuite, elle a fini par comprendre, bien plus tard, que ça venait d'ailleurs. À la limite, j'aurais préféré que ça vienne de là, parce que j'ai trouvé la véritable explication un peu "tirée par les cheveux".

Si Emma se sent si mal, c'est parce que sa grand-mère lui a menti. Parce qu'elle et son grand-père - que la protagoniste considérait un peu comme ses parents, comme un exemple de bonheur, d'amour - portent des masques. Si Emma se rend malade, c'est à cause d'eux, à cause de Sobibor. Comme je l'ai signalé plus haut, Sobibor était un camp d'extermination en Pologne durant la Seconde Guerre Mondiale. Et voilà pourquoi j'ai eu la sensation dérangeante que c'était un peu trop "gros" comme cause de l'anorexie d'une ado de nos jours qui n'a pas connu, n'a pas vécu, cette période-là. Mais, revenons un peu en arrière... Ce roman se construit sur une alternance de deux niveaux, il y a tout d'abord Emma qui se raconte, qui nous décrit son quotidien, et il y a les extraits d'un journal qu'elle lit, celui de Jacques Desroches. Là ou ça devient intéressant, c'est au niveau du contenu de ce fameux journal qui n'est autre que celui d'un français, collaborateur de premier ordre, engagé dans l'armée allemande et ayant un poste de gradé au camp de Sobibor.

Je me suis sentie comme Emma en lisant ce journal, il m'a donné envie de vomir, tout simplement. De voir comment ce français adhérait aux idées nazis, comment il vouait la grandeur de l'Allemagne, comment il parlait des juifs, souhaitant leur extermination et y participant activement. Cela fait froid dans le dos! Ce journal est glaçant tout simplement, c'est une horreur de voir comment cet homme se complaît dans l'idéologie nazi au point de se rendre complice de pas moins de 250 000 morts. Un chiffre effarant. Ce journal vous dégoûte ! Le voir raconter - avec un certain plaisir et une fierté non dissimulée - l'avancement de la construction du camp, la façon dont ils ont trouvé une super méthode pour exterminer au plus vite les juifs arrivant dans le camp sans qu'ils aient le temps de se révolter ou de se défendre, - même si on peut se poser la question de savoir qui aurait oser le faire? - de voir ses discussions avec son ami SS dégoulinantes d'horreur, c'était encore plus insoutenable presque que l'anorexie d'Emma. Voir ainsi la pensée d'un homme, d'un vendu, fier de trahir la race humaine, fier d'être un bourreau, fier d'être un nazi, c'est une angoisse, une rage, une violence qui ne vous lâche plus une fois que vous avez lu les premières lignes de ce journal.

Comment excuser, comment comprendre, qu'on ait pu prendre part à un tel massacre sans réagir? Comment pardonner à un homme d'être juste un homme? Oui, Jacques Desroches était jeune à l'époque, on aurait pu pardonner ses erreurs, après tout, pourquoi pas? Non, impossible. Et pour Emma c'est pareil, elle se prend pour un juge et le condamne sans préambule. Qui pourrait lui en vouloir? Car cet homme infect, elle le connaît, bien plus qu'elle ne l'aurait voulu. Car cet homme a été l'amant de sa grand-mère. Sa propre grand-mère qui a vécu l'amour de sa vie en vivant avec cet homme au sein même du camp de Sobibor. Voilà qui dépasse l'entendement pour Emma. Comment peut-on vivre heureux, amoureux, dans un camp alors qu'à côté de soi des milliers d'êtres humains passent dans les chambres à gaz pour ne plus en ressortir? Comment connaître joie, bonheur, et les apprécier, alors qu'on vit dans une maison entourée de meurtriers? Impensable! Elle s'est sentie trahie par cette femme qu'elle aimait tant, rejetée, abandonnée. On passe par tous les stades d'émotions en lisant ce journal. On ne peut pas rester indifférent quand on lit ce roman. J'ai regretté cependant que la révélation sur Jacques Desroches ait été si prévisible et sa fin, si lâche.

Ce qui fait d'Emma ce qu'elle est, c'est Sobibor, l'histoire qu'elle raconte. C'est l'amour, la haine, la détresse, le souvenir, la trahison, l'horreur. Oui, c'est un livre touchant, repoussant, c'est un cri, un appel. J'ai apprécié le fait de voir "de l'intérieur" ce camp de la mort simplement en tournant les pages. Cela nous offre un nouveau point de vue encore sur ces actes monstrueux qui ont été perpétrés à l'époque, c'est important aussi de comprendre comment un homme peut tomber aussi bas dans l'absurdité. Mais, ce qui m'a gênée, c'est le fait d'accoler les deux thématiques, l'anorexie d'Emma et Sobibor. J'aurais sans doute préféré qu'il s'agisse de deux romans différents, parce que j'ai trouvé que ça n'était pas pleinement cohérent. La cause de son anorexie, c'est le mensonge, mais pourquoi basé ce mensonge sur un camp? Alors oui, ça donne sans doute plus d'impact, plus d'ampleur à l'histoire, même si je n'en suis pas totalement convaincue. Parfois les histoires les plus "simples" sont les plus douloureuses, les plus belles. Celle-ci est pour le coup loin d'être agréable à lire mais, une chose est sûre, elle mérite le détour.

Vous l'aurez compris, mon avis reste en demi-teinte pour ce roman. Même si j'ai apprécié ma lecture parce que les deux sujets principaux qui y sont abordées me touchent de près, que je n'ai pas cessé d'être dans l'émotion tout au long de ma lecture mais je n'arrive pas à trouver le lien entre eux réaliste. La leçon que nous offre ce roman, cette leçon de vie, de main tendue, de vérité, est précieuse. Alors, si vous avez l'occasion de le faire, n'hésitez pas à le lire cher lecteurs...

3. Quelques extraits


« Je n'avais pas encore compris que ne plus manger signifie très exactement souhaiter se mettre à l'écart. C'est une sorte de ghetto que l'on s'invente pour soi seul et dans lequel on s'enferme avec un mélange pervers d'aveuglement et de ravissement. C'est une forme de distinction absurde, pour se différencier à tout prix, se dessaisir du banal. On ne peut plus partager ce qu'il y a de commun. On ne peut plus communier dans la célébration des choses mortes. On a le regard qui s'est tordu. On ne voit plus les aliments avec innocence et l'on s'étonne que les autres ne nous suivent pas. » (p.55)

« Notre efficacité provient de notre aptitude à maîtriser nos émotions. Ce ne sont pas des êtres humains que nous traitons. Le plus difficile est de le comprendre et de l'accepter. Quand on a saisi cette évidence, tout devient tellement plus simple. Il nous faut veiller également à ne pas poser le problème en termes prétendument moraux. Nous sommes par-delà le bien et le mal, et notre oeuvre pourrait susciter bien des incompréhensions. Il importe donc qu'elle soit achevée quand nous nous en expliquerons. A ce moment-là, elle s'imposera par son évidence. » (p. 92)


« Je sais enfin que je suis entre parenthèses. Moi, j'ai au moins cette chance. Je suis comme je suis parce que je suis en instance de vie. Une anorexique n'est pas en marge. Elle s'est faite aussi mince que le trait qui sépare la marge de l'espace où l'on écrit. Un jour ou l'autre, si tout va bien, elle revient sur la page. C'est ce que je m'efforce de faire. » (p.152)

« Ces théories sur la race, tu y as souscrit parce qu'elles flattaient ton ego, parce que tu éprouvais une immense satisfaction à t'imaginer différent. Tu jubilais d'appartenir à une espèce supérieure : la race aryenne, destinée à régner sur l'humanité. Mais d'autres, à la même époque, n'y ont jamais cru. D'autres se sont battus contre les nazis ou, plus simplement, ont refusé de les suivre. » (p. 160)

vendredi 25 avril 2014

Petite parenthèse...


Illustrations:
http://www.naughtynathan.co.uk/?p=476
http://www.stanleycolors.com/shop/ (Pablo Stanley)

vendredi 18 avril 2014

I'm addicted to Junk

Melvin Burgess, Junk, éd. Gallimard, coll. Scripto, 2002.


Direction les abysses


Touchante et prenante histoire que nous est racontée dans Junk par Melvin Burgess. Il arrive, ici, à décrire merveilleusement bien ces typhons[1], happant tout sur leur passage, que peuvent être les drogues consommées à l'excès. 

Café, héroïne, sexe, chocolat,  le pouvoir, l'amour,...« Ceci peut nuire à la santé.  À consommer avec modération et ne pas mettre à la portée des enfants.» (On leur accordera tout de même du chocolat de temps en temps, ne soyons pas tyrannique).  Mais, ne cherchez pas, ce slogan ne figure sur aucune de ces choses. Seuls la sagesse, l'expérience ou la couardise amènent la retenue face à ce genre d'appel émotionnel et pulsionnel qu'émettent les stupéfiants.  Autrement dit, la plupart des adolescents cherchent ce genre de sensation et sont des proies aux dépendances.   

En outre, si l'ado en question grandit au sein d'une famille particulièrement difficile à vivre (violence paternelle, maman alcoolique), les risques de stimuler en lui l'envie d'échappée belle et de grandes odyssées s’accroissent. Qu'importe cet ailleurs tant qu'il est meilleur. Il me faudrait plusieurs pages et un certain nombre d'heures pour implémenter chaque facteur pouvant éclaircir cette épaisse fumée.
 
Mais nous ne sommes pas, ici, dans un essai de philo-égocentrique!  Si vous êtes amateur de vérité nue, soyez les bienvenus car en lisant ce bouquin vous devrez utiliser votre propre "Jiminy Cricket"[2]. En effet, l'auteur ne prend pas position et n'émet aucune critique. Il relate sans ergoter. Tout le contraire de ce que je fais pour l'instant. Monsieur Burgess, lui, sait écrire alors coupez-moi donc cet ordinateur et cette télévision branchée, en fond, sur une chaîne populaire retransmettant je ne sais quelle émission de "télé-réalité" débilitante.  


Vous voulez du pittoresque, du fantastique, de la saveur ? Foncez chez le libraire ou à la biblio' la plus proche et emportez Junk.

Amourhoïne

« C’était une véritable histoire d’amour. Gemma, moi et la dope. Je n’imaginais pas qu’elle puisse se terminer. Ça a été la plus grande aventure de ma vie », parachèvera l'auteur mettant en scène Nico. 

L'amour tout comme l'héroïne, ça vous prend aux tripes, transforme votre psyché et votre physique. La consommation chronique entraîne la dépendance entraînant elle-même la nécessité d'un sevrage. C'est vache tout de même. Nico en est bien conscient et cela le torturera sans doute longtemps. Devoir mettre fin à cet amour infini qu'il porte à Gemma et à l'héro'. Contenir et freiner ses pulsions, voilà une tâche ingrate ordonnée par la vie. Bien plus qu'un banal "junkies road trip", Junk est une réalité fantasmagorique rondement bien menée par un auteur qui connaît les émotions humaines mais qui sait surtout bien les imprégner dans le papier pour nous les communiquer à travers ses personnages.  

Ce livre à plusieurs voix (polyphonique), toutes authentiques, toutes saisissantes, reflétant avec une honnêteté absolue toutes les facettes d'un drame contemporain. Un ton juste. Une lecture bouleversante, nécessaire.


«Je pense qu'il est préférable que les jeunes n'entendent pas parler de la drogue pour la première fois le jour où quelqu'un essaiera de leur en vendre.» Melvin Burgess. 

En savoir plus sur l'auteur...


Melvin Burgess est né à Londres en 1954. Après avoir quitté l'école à l'âge de dix-huit ans, il a commencé par être journaliste. Puis il a occupé divers emplois, principalement dans le secteur des travaux publics. Il a commencé à écrire vers vingt ans, mais il a attendu une quinzaine d'années avant de voir son premier livre publié. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des écrivains contemporains pour la jeunesse les plus forts et les plus dérangeants.


Illustration : http://www.babelio.com/users/AVT_Melvin-Burgess_9632.jpeg
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[1] Typhon/Typhée, du grec ancien tỹphos,« la fumée ». 
(En mythologie, il est une divinité malfaisante. Fils de Gaïa et Tartare. Titan des vents violents et des tempêtes).

[2] Jiminy Cricket est un personnage de fiction qui apparaît la première fois dans le dessin animé de Walt Disney Pinocchio, sorti en 1940. C'est un grillon habillé en costume et représente la bonne conscience de Pinocchio. 

(Je pense avoir été contaminée par les notes de bas de page! Merci à Anne Percin pour son idée.)


Une exploitation pédagogique?



Évidemment, j'utiliserai Junk sans hésiter avec une de mes classes, non sans une préparation des élèves au préalable.


Avant d'entamer Junk, il faut être certain d'être assez "fort" psychologiquement, c'est-à-dire avoir un esprit critique et une notion du détachement (ou du recul) déjà bien développés. 

Je pense qu'il est assez bien adapté pour une classe de 3e ou de 4e technique qualification : ce sont les années durant lesquelles les jeunes vivent leurs premières expériences, s'amusent à frôler l'interdit, commencent à s'identifier à leurs fréquentations qu'elles soient bonnes ou mauvaises... 

Un livre avec une thématique populaire


Illustration : http://www.lunefroide.fr/wp-content/uploads/2012/06/las-vegas-parano.gif

«Requiem for a dream» de Hubert Celby (adapté au cinéma par Darren Aronofsky), «Transpotting» d'Irvine Welsh (adapté au cinéma par Danny Boyle) ou encore «Las Vegas Parano» de Hunter S. Thompson (adapté au cinéma par Terry Gilliam), sont toutes des histoires très populaires traitant de la drogue et des descentes aux enfers qu'elle apporte. 

En somme, des lectures toutes aussi bouleversantes et traumatisantes les unes que les autres. C'est un thème qui me touche, pourquoi ? Cela je le garde pour moi. Mais je trouve ça tout aussi traumatisant que passionnant, voir comment la drogue peut vous emmener au paradis pour vous entraîner la seconde d'après dans les limbes de l'enfer. 

Lors de ma lecture j'ai tout de suite fait un lien avec «L'Herbe Bleue » que j'ai lu dans le cadre d'un cours de français en 5e année technique de qualification.


«L’Herbe bleue (Go Ask Alice)» est un livre publié anonymement en 1971. La traduction française, de France-Marie Watkins, est parue en 1972. C'est un journal intime dont l'auteur aurait quinze ans mais qui s'est révélé être une œuvre de fiction écrite par Beatrice Sparks, une psychologue américaine devenue ensuite éditrice. Ce n'est que quelques années plus tard qu'elle reconnaît en être l'auteur. Elle explique alors, dans une interview, que le livre se composait en partie du journal intime d'une de ses patientes mais également d'événements fictifs inspirés par son travail avec d'autres adolescents en difficulté. Sparks raconte que son expérience professionnelle l'a amenée à écrire des contes destinés à éviter à d'autres jeunes de connaître les mêmes travers. De confession mormone, elle cherche à mettre en garde la jeunesse contre des risques sociaux dans des livres quelque peu moralisateurs et puritains.

Même thème abordé mais différence totale d'objectif dans l'écriture, ce qui donne deux formes de romans complètement différentes sur un fond finalement identique.


Beatrice Sparks, L'Herbe Bleue, journal intime d'une jeune droguée, éd. Stock, coll. Le Livre de poche, 2003.

mercredi 9 avril 2014

Comment (bien) rater ses vacances (ou pas)

Anne Percin, Comment (bien) rater ses vacances, éd. du Rouergue, 2010.


1. Qui est Anne Percin?



Anne Percin est une enseignante et écrivaine française, née en 1970 à Epinal. De parents vosgiens et ouvriers, elle grandit à Strasbourg, où elle fait ses études de lettres modernes. À 25 ans, elle quitte l’Alsace pour Paris, où elle commence à enseigner le français en collège. Marquée dans l’enfance par la lecture de Colette[1], elle cherche à revenir vivre à la campagne, un rêve accompli en 2003 où elle s’installe avec sa famille en Bourgogne. Là, elle prend le temps de mettre de l’ordre dans ses écrits, dont un journal intime fictionnel écrit à 17 ans, qui va devenir un roman. Ce sera Point de Côté, son premier livre, édité en jeunesse par les éditions Thierry Magnier. Dans les années qui suivent, elle publie des romans pour adolescents avec un succès grandissant, avant d’envoyer en 2009 son premier « roman adulte », Bonheur fantôme, au Rouergue, maison d’édition à laquelle elle est depuis fidèle, en adulte et jeunesse[2].
Illustration : http://i43.servimg.com/u/f43/09/03/31/62/image_10.jpg

2. Mon avis


Comment (bien) rater ses vacances est un livre parmi ceux qui laissent sur le visage un grand sourire même si ça fait des jours qu’on en a terminé la lecture. Juste à l’idée d’en parler, de le faire connaître à d’autres.

À 17 ans, qui ne trouve pas ça naze de passer l'été avec ses parents? Faire de la randonnée en  Corse avec les vieux, non merci! Pour Maxime, le protagoniste, la perspective de ses vacances vire carrément au cauchemar! Sa solution: passer les vacances chez Mamie Lisette. De plus, sa petite sœur inscrite dans une colonie de vacances en Bretagne, il va pouvoir profiter pleinement de toute l'affection de sa grand-mère adorée. Max partage une profonde complicité avec celle-ci:

« - J’espère quand même que tu ne vas pas passer tout ton temps devant l’ordinateur, comme la dernière fois.

- Bof, chais pas, ai-je lâché dans une explosion de miettes de brioche.

C’est alors que Mamie a conclu par ces diplomatiques paroles :

- Bon. Tu feras ce que tu voudras, de toute façon.


Une des raisons majeures de notre parfaite entente, à Mamie et à moi, en dehors de notre goût partagé pour le sarcasme, c’est une aptitude à nous foutre la paix mutuellement. » (p.26)

Plan de ses vacances: bidouiller l'ordinateur de sa grand-mère et chater sur SpaceBook[3]. Le pied! 

« Avec tout ça, je n’avais pas mis les pieds dehors, ce qui répondait pleinement à ma définition d’une belle journée réussie. » (p.28)

En échange des délicieuses crêpes traditionnelles, il daignera quand même sortir de sa tanière et ira cueillir les cerises sur les plus hautes branches pour que Mamie Lisette finisse de préparer ses bocaux de cerises à l'eau-de-vie. Sauf que l’imprévu va s’inviter et les incidents vont s’enchaîner en cascade. Ce qui s’annonçait comme des vacances de rêve à la cool va tourner au plan foireux.

Pour faire face à la situation, Maxime sera bien obligé de sortir de sa réserve, de se frotter aux autres et de prendre les décisions qui s’imposent[4].

« I don’t hate people. I just feel better when they aren’t around. » 
« Je ne déteste pas les gens. Je me sens juste mieux quand il ne sont pas dans les parages. » 

Cette citation de Charles Bukowski, écrivain américain, va a merveille à Max. Contrairement aux jeunes de son âge, c’est un solitaire qui n’a pas une flopée de potes avec lesquels s’égayer bruyamment. Il a une vision de l'humanité, qui est sans doute lucide, mais qui n'aide en rien à la sociabilisation.


« Depuis l’âge de dix ou onze ans, j’ai commencé à m’apercevoir que les filles et les garçons avaient une manière de se tourner autour parfaitement ridicule. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à un début de relation amoureuse s’apparente à une parade nuptiale digne des dindons. On se gonfle les plumes, on se rengorge (pour le mâle), on se tortille du derrière, on roucoule (pour la femelle). On en devient moche, on en devient con(ne), on laisse tomber ses ami(e)s, on prend des airs niais, on rit pour un rien, enfin on ne rit plus du tout. On fait des serments, on les viole, on ment, on se sépare. Au suivant ! Et ça recommence. » (p.37)

Seuls, Kevin et Alexandra ont trouvé grâce à ses yeux et arrivent à s’accommoder de son esprit pessimiste. Et ça lui convient bien ainsi, à Maxime. Deux amis, un ordinateur, une guitare électrique et de la bonne musique. Il n’en demande pas plus.

« Seulement, à vingt et une heures ce soir-là, sur SpaceBook, je n’avais ni recette de moussaka à apprendre, ni leçon d’économie à donner. Pas de trace de ma suffragette sous-cultivée.

Même Alex avait déserté.
On était samedi soir, après tout.
Rien d’autre, dans la communauté virtuelle, que le désolant spectacle des bogosses autoproclamés qui filaient des rencards débiles à des filles qui ne l’étaient pas moins, à grand renfort de Ase soiiiiiiiiiir, jte kiff ou de G troooooop hâte d’y eeeeetre.

Non, je ne les enviais pas. Passer la soirée dans un parking à écouter du rap pourri dans des enceintes hypertrophiées, une main sur la bouteille de Despé, l’autre sur les cuisses d’une fille en mini-jupe assise sur le capot d’une Renault 19 immatriculée dans le 95, merci bien… Malgré tout, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire qu’eux, au moins, on ne les emmerdait pas avec leur solitude. Le nombre de leurs amis était inversement proportionnel au nombre de leurs neurones en fonctionnement. Leur life n’avait aucun intérêt, mais eux-mêmes étant intimement persuadés du contraire, ils passaient leur temps sur SpaceBook à se la raconter. De mon point de vue, ils étaient mille fois plus pathétiques que moi. Oui, mais voilà : ce soir-là, j’avais l’impression d’être le seul à le penser. On a beau dire, mais même la misanthropie, ça se partage. C’est toujours plus agréable de se plaindre du monde entier à un pote, que de se lamenter tout seul. Pour critiquer la société, on a besoin d’un public. Parfois, j’en avais un peu ma claque d’être tout seul à avoir raison et à rire de mes blagues en solo[5]. » (pp. 114-p.115)

Au hasard d’une énième visite sur SpaceBook, il reçoit une invitation à rejoindre le groupe d’amis d’une personne inconnue qui répond au pseudo de Pika Schuman et n’a rien trouvé de mieux que de se choisir Pikachu comme avatar. Ce qui, selon Maxime, n’augure rien de bon.

Cependant, il passe outre ses préjugés: il accepte l’invitation, et correspond avec « Pika ». Celle-ci ne se gêne pas de le contredire. Le garçon, qui n’a pas l’habitude qu’on lui tienne tête de la sorte, vacille entre rejet et admiration. Leurs échanges prennent de plus en plus d’importance à ses yeux.

La grande réussite de ce roman réside dans sa restitution juste de l’adolescence contemporaine, de son langage et de ses codes. Les références culturelles et musicales [6] et les clins d’œil [7] en font un récit bien ancré dans son époque et dans lequel les ados devraient se retrouver sans peine.


Comment (bien) rater ses vacances, une lecture coup de coeur que j'ai dévoré d’une traite et dont j'en sors comme d’une virée en montagnes russes, les yeux écarquillés, le sourire aux lèvres et le cœur chaviré :)
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[1] Colette était une écrivaine française. On se souvient d'elle comme une femme libre, sur laquelle les légendes ont fleuri. La romancière en était parfois à l'origine, nourrissant son œuvre par sa vie et ses amours.

[2] D'après l'article :

http://www.librairiedialogues.fr/personne/anne-percin/884280/

[3] Le Facebook populaire remanié par Anne Percin, belle invention. Qui ne va pas sur Facebook de nos jours? Bonne idée pour l'authenticité du personnage Maxime, cela permet de s’immiscer dans son quotidien et de déceler certaines de ses caractéristiques quand il est en contact avec autrui

[4] Maxime va faire preuve d'une grande maturité durant tout le long du récit. Il va sortir de sa tanière et faire face à des situations graves et loufoques. Il vit les événements avec humour et cynisme. Il fait toujours face et s'intéresse à beaucoup de choses. Il veut se faire sa propre idée de la vie. Cette évolution m'a rappelé l'allégorie de la caverne de Platon.  Elle met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans une demeure souterraine qui tournent le dos à l'entrée et ne voient que leurs ombres et celles projetées d'objets au loin derrière eux. Elle expose en termes imagés les conditions d'accession de l'homme à la connaissance de la réalité, ainsi que la non moins difficile transmission de cette connaissance.

[5] Pas toujours facile d'être ado... Max n'est pas un jeune comme les autres, et ça ne doit pas toujours être évident de trouver sa place et de trouver des amis qui ont les mêmes centres d'intérêts que lui. 

[6] L'éclectique « fighting playlist » de Maxime est disponible en bonus à la fin du roman. Conseil: écoutez les musiques qu'il propose quand vous lisez le livre, cela permet de se mettre dans son ambiance musicale et de faire la rencontre d'artistes d’antan talentueux.

[7] Un conseil, ne zappez pas les notes de bas de pages ! Les commentaires de Max sont délicieux!

3. Une série


Si comme moi, vous aussi, vous n'en avez pas eu assez, sachez qu'il existe une suite aux aventures de Max.  

Affaire à suivre chers lecteurs...

.

 Anne Percin, Comment (bien) gérer sa love story, éd. du Rouergue, 2011.

Anne Percin, Comment devenir une rock star (ou pas), éd. du Rouergue, 2012.


4. Une exploitation pédagogique

4.1 Disciplines et thèmes concernés



Littérature : structure générale, notion de focalisation, figure de style de l’ironie, niveaux de langage.


Psychologie : comprendre et analyser la psychologie narrateur, ses relations familiales et amicales, l’évolution de ses relations à travers le récit et la façon dont il grandit.


Français : s’exprimer à l’oral ou à l’écrit sur un sujet, argumenter et défendre un point de vue.


Culture générale : comprendre les références du narrateur, faire des recherches et présenter ces nouvelles connaissances de manière interactive aux autres élèves de la classe.



4.2 Objectifs


Savoir décrire la structure générale d’un texte. 

Comprendre la notion de focalisation, en relever les caractéristiques dans un texte.

Relever les niveaux de langage dans un texte et comprendre de quelle manière ils sont utilisés. 

Comprendre le fonctionnement des figures de l’ironie. Apprendre à les maîtriser et à les utiliser.

Comprendre et analyser la psychologie du narrateur. Schématiser la façon dont il est lié avec les autres personnages et de quelle manière ces relations évoluent.

Expliquer des passages difficiles, des expressions particulières. 

Comprendre, situer et expliquer l’utilisation des références littéraires, cinématographique et musicales utilisées par le narrateur. 

Discuter, débattre, argumenter par écrit ou par oral les problématiques psychologiques ou philosophiques soulevées dans le roman.

4.3 Compétences

L I R E 

Orienter sa lecture en fonction de la situation de communication:

Repérer les information relatives aux références d'un livre. (Entretien de la compétence.)

Anticiper le contenu d'un document en utilisant ses indices externes et internes. (Certification de la compétence.)

Élaborer des significations:

Gérer la compréhension du document pour:
- Vérifier des hypothèses émises personnellement ou proposées. (Certification de la compétence.)
- Reformuler et utiliser les informations. (Entretien de la compétence.)

Dégager l'organisation d'un texte:

Reconnaître un nombre diversifié de documents en identifiant la structure dominante: narrative. (Certification de la compétence: reformuler l'essentiel d'une histoire en s'appuyant sur le schéma narratif.)

Traiter les unités lexicales:

Comprendre en:
- Émettant des hypothèses sur le sens d'un mot, découvrant la signification d'un mot à partir du contexte. (Certification de la compétence)
- Confirmant le sens d'un mot. (Certification de la compétence)

É C R I R E / P A R L E R

Élaborer des contenus:

Réagir à un document en exprimant son opinion personnelle et en la justifiant d'une manière cohérente. (Certification de la compétence)
_________________

1. Introduction



Induire le titre en fonction de certains thèmes abordés ci-dessous : utilisation de la parenthèse, de l’ironie.

Émettre des hypothèses sur l'histoire grâce à l'analyse du paratexte.

2. Analyse stylistique

Construction et structure

Le narrateur

Qui est le narrateur ? Quel type de narrateur et de focalisation l’auteure a-t-elle choisi ? Pourquoi ?

Le schéma narratif

Introduire le concept de schéma narratif simple.

Demander aux élèves de faire le schéma narratif de ce roman. Le récit est-il aussi simple ? Ce récit fonctionne-t-il vraiment selon ce type de schéma ?

La narration

Comment qualifieriez-vous cette narration ? 
Quel ton est employé ?
À qui s’adresse le narrateur ? 
Quels en sont les indices ? 
(relever par exemple, la note de bas de page, p. 184)

Les niveaux de langue

Induire la notion de niveau de langue.

Demander aux élèves de proposer des exemples de synonymes appartenant aux trois registres, d’abord de manière spontanée, puis en cherchant dans le texte.

Dans quel registre l’auteure place-t-elle son texte ? Relevez des indicateurs narratifs et des mots-clés afin de situer dans quel est le niveau de langage du texte.

En quoi le niveau de langue utilisé est-il cohérent avec le niveau de focalisation choisi par l’auteur ?

Vocabulaire

Les mots que Maxime veut placer : p. 14, "mansuétude", p. 15 "magnanimité" ; que signifient-ils ? Utilisez-les dans des contextes différents.

Que signifient ces termes?
- Diplomatie, syndicalisme, realpolitik. (p.14)
- «Emerger des limbes germaniques.» (p.34)
- «Je sentais déjà leur sollicitude tomber sur nous comme une chape de plomb.» (p. 136)

Imaginez un court texte, une brève situation où vous pourriez les placer, de manière adéquate / de manière décalée.

Les figures de style

La comparaison

- Introduire le fonctionnement de la comparaison.
- Comment l’auteure utilise-t-elle la comparaison ? 
Voir, par exemple, pp. 24, 57. Chercher d’autres exemples.
- Comment la comparaison est-elle liée avec la figure de l’ironie ?

L’ironie

- Introduire la figure de l’ironie 
- Comment est-elle utilisée dans le texte ?
Voir, par exemple, pp. 10/11, 15, 22
- Qu’apporte-t-elle au texte ?
- Voir aussi sous le chapitre "analyse thématique" pour le lien entre l’ironie et l’évolution psychologique du narrateur.

L'utilisation de la parenthèse

L’auteur recourt à de très nombreuses reprises à la parenthèse. Pourquoi ? A quoi servent-elles ? Que permettent-elles de préciser, raconter, ajouter ?

Établir une typologie de son utilisation.

Relever et analyser en particulier les occurrences dans le titre. 
Est-ce habituel, qu’est-ce que cela signale sur le ton du livre ?
Voir aussi les pp. 8, 9, 10,11, 12, 13, 14, 15, 18, 21, 25, 28, 31, 37, 38, 47, 50, 59, 61, 65, 74, 81, 83, 84, 85, 88, 113, 115, 122, 123, 124, 142, 169, 176, 184.

L'utilisation des notes de bas de page

Suivre la même réflexion que pour le point précédent concernant l’utilisation de la parenthèse.
Relever en particulier les occurrences aux pp. 16, 19, 21, 30, 35, 37, 41, 49, 60, 66, 69, 79, 81, 82, 83, 87, 112, 122, 141, 143, 163, 168, 184.

3. Analyse thématique

Contextualisation

Comment une histoire s’inscrit-elle dans l’Histoire ? Quelles sont les références qui la placent dans l’actualité ? Relever en particulier la référence à Amy Winehouse. Le décès de la chanteuse implique que le roman est à présent situé dans un passé très récent. Y a-t-il d’autres références de la sorte ?

Psychologie

Rapport du narrateur avec les autres

Comment Maxime envisage-t-il les rapports entre filles et garçons ? Analyser des passages et montrer comment il utilise l’humour, le deuxième degré et comment sa façon de voir les choses évolue.
Ex. : pp. 37, 38
Observer en particulier :
- sa relation avec Pika : (pp.68, 69, 84-87, 94, 96, 98-99, 101, 113, 125-128, 129-131, 168-172)
- p. 99 : expliquer : «Ca devenait limite inquiétant». Quelle est sa première impression ? Comment la gère-t-il ?
- p. 173 : Qu’est-ce que cela fait à Maxime de voir Pika ? «Je me suis repassé la vidéo en boucle. Le même sourire idiot sur les lèvre.» Qu’est-ce qui a changé, d’abord au niveau de la formulation (aucune insertion ironique), puis au niveau des sentiments / du caractère de Maxime ?
- p. 186 : Qu’est-ce qui a changé ?
- son rapport avec sa grand-maman. Comment décrirez-vous de manière générale le lien qui unit la grand-mère et le petit-fils ? Est-ce habituel ? Comment ce lien évolue-t-il au cours du roman ?
- Comment l’auteur annonce-t-il le malheur qui frappe sa grand-mère ? Quel est le premier signe (nourriture qui brûle dans la cuisine – contraste avec tous les bons petits plats qu’elle lui prépare) ?
- Quel est le rôle de la nourriture dans la première partie (noter un changement à la page 39) ? Comment évolue ensuite son rapport à la nourriture et à la cuisine ? (p. 96-97, 138)
- p. 178 -180 : Décrire le rapport qui lie Maxime et sa Mamie. Relever les indices de leur complicité.
- sa relation avec sa soeur : (pp. 12-17 ; 88-91).
- avec ses amis.
- p. 163 : Expliquer le passage : «Christian avait-il réussi son coup ? (…) Une saleté d’émotion sirupeuse». Comment s’articulent les relations familiales de Maxime ? Dessiner un schéma pour expliquer la situation vue par Maxime avant l’infarctus de Mamie, puis un second pour montrer l’évolution de la situation. Pourquoi, cela représente-t-il un changement important pour Maxime ? Quel type de questions cela l’amène-t-il à se poser et pourquoi ? Quelle sorte d’émotions cela fait-il remonter en lui ? Qu’est-ce que cela nous apprend de nouveau sur son caractère ?

 Émotions/ironie

- p. 60-61 : Comment le narrateur utilise-t-il l’ironie pour masquer ses émotions ?
- p. 62 : Qu’est-ce qui inspire des émotions sincères à Maxime ?
- p. 108 : A quel moment et de quelle manière bascule-t-il ?
- p. 118 : Que s’est-il passé dans les pages précédentes ?
- p. 127 : «Mais moi, est-ce que j’étais prêt à ce qu’on me veuille du bien ?» - mettre cette réflexion en lien avec son utilisation de l’ironie. Que signifie-t-elle ? Cette attitude est-elle courante ?
- p. 164 : Que se passe-t-il au moment où il joue de la guitare ? Qu’est-ce que cela change dans le comportement de Maxime ? Que découvre-t-il ?
- p. 165 : Que fait Maxime ? Que symbolise ce geste ? Que signifie, au fond, cette phrase : «j’ai coupé tout ce qui dépassait» ?
- pp. 165-166 : Expliquer également ce passage : «Qui dira l’angoisse du mouton qu’on tond. (…) dirait mon prof d’économie».

Références culturelles

Le narrateur propose de très nombreuses références culturelles. Pour les apprécier et comprendre leur importance, leur décalage, la source de leur ironie, proposer aux élèves de faire des recherches sur certaines d’entre elles, de les présenter aux autres en les contextualisant puis en expliquant leur rôle dans le texte. Nous vous en proposons quelques-unes, mais d’autres peuvent encore être relevées :
- p. 14 : Le Cri de Munch
- p. 20 : quels auteurs figurent dans la bibliothèque de Mamie Lisette ? De quel type de lecture s'agit-il ? Dis-moi ce que tu lis et je te dirai qui tu es : que révèlent ces ouvrages ? Quels sont les ouvrages qui figurent dans votre bibliothèque ? Que reflètent-ils de votre personnalité ?
- p. 20 : Jimmy Hendrix / Thomas Legrand : qui sont-ils ? Pourquoi le passage de l’un à l’autre est-il drôle ?
- p.27 : Carter
- p.36 : Orange mécanique, Massacre à la tronçonneuse, Saw
- p. 37 : Les Liaisons dangereuses, Don Juan, Valmont, libertinage : quelle est l’image qu’on s’en fait, qu’en est-il en réalité ?
- p. 58 : Caravage
- p. 115 : Référence à Calderon.
- p. 156 : Klaus Kinski, "Aguirre ou la colère de Dieu"
- p. 168 : Mithridate
- p. 168 : "Sur la route de Madison"
- p. 168 : "Harold et Maude"
- Explorer également les différentes références musicales de Maxime : de quelle manière il les utilise au niveau littéraire, au niveau psychologique ?

3. Réflexion/dissertation

- p. 28 : «Or Mamie est comme la plupart des gens : si on les fait rire, ils développent une tolérance hors du commun envers nos petits défauts» ; discuter cette phrase, argumenter.
- p. 74 : inventer des slogans ironiques ou parodier des slogans existants. Utiliser à cet effet des figures de style de l’ironie.
- p. 77 : rédiger une carte postale ou un petit mot parodique.
- p.75 : «Ah, les vieux et leur santé ! Mais au fond en quoi étais-je différent d’eux ? En quoi étais-je différent du chat Hector, pour qui le summum de l’existence, c’était dormir, faire pipi-caca et manger ? Et s’ils avaient raison, les vieux et les chats ? Si tout ce qui comptait, pour s’estimer heureux, c’était de se sentir vivant ?» ; réfléchir et analyser cette question.
- p. 115 : «On a beau dire, mais même la misanthropie ça se partage. C’est toujours plus agréable de se plaindre du monde entier à un pote, que de se lamenter tout seul.», disserter par oral ou par écrit sur la question.
- p.136 : Expliquer la devise de la famille Mainard « Pas bien haut, peut-être, mais tout seul». Retrouver cette phrase dans Cyrano, dans quel contexte est-elle prononcée ? Pourriez-vous la faire vôtre ? Trouver des exemples qui la prouvent ou la contredisent.

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